La douleur repose avant tout sur le ressenti du patient. Selon la définition officielle de l’Association internationale pour l'étude de la douleur (IASP), il s’agit d’une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée ou ressemblant à celle liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle. Les douleurs sont classifiées selon leur nature et leur durée.
· Les douleurs inflammatoires, associées à des phénomènes d’inflammation qui perdurent anormalement. Il s’agit par exemple de douleurs articulaires. Dans ce cas, l’activation chronique des fibres de la douleur entraîne leur sensibilisation qui se généralise ensuite à tout le système de la douleur. Aussi, même en traitant la cause en périphérie, le système peut rester hyper réactif.
· Les douleurs neuropathiques, liées à des atteintes du système nerveux central ou périphérique (lésions de nerfs, blessure...), de la moelle épinière, liées aux amputations ou à un accident vasculaire cérébral… Ces lésions concernent directement le système de détection de la douleur : elles rendent le système d’alarme défaillant et incontrôlable par les antalgiques classiques.
· Les douleurs mixtes, qui associent une composante inflammatoire et une composante neuropathique, comme dans les lombosciatiques. Ces douleurs sont souvent rencontrées dans le cadre de cancers ou après une chirurgie.
· Les douleurs nociplastiques, définies plus récemment, sont liées à des altérations de la nociception (c’est-à-dire du système de détection de la douleur) dans lesquelles aucune lésion n’est retrouvée. Elles pourraient reposer sur une modification des systèmes de contrôle et de modulation de la douleur. On les rencontre notamment chez des patients atteints de fibromyalgie, de troubles fonctionnels intestinaux ou dans certaines céphalées chroniques.
La douleur serait à l’origine de près de deux tiers des consultations médicales. Elle fait l’objet de nombreuses études, aussi bien fondamentales que cliniques. Cette recherche est indispensable pour comprendre plus précisément les mécanismes en jeu dans la douleur, et ainsi permettre l’élaboration de nouveaux traitements.
De grandes avancées dans la compréhension de la douleur ont été accomplies ces dernières années, en particulier concernant les mécanismes en jeu dans la douleur chronique.
Il a aussi été montré que la douleur n’est pas uniquement « neuronale » : les cellules gliales du système nerveux central et certaines cellules immunitaires sont aussi impliquées dans l’apparition des douleurs, en particulier dans celle des douleurs neuropathiques.
Si certaines fonctions gliales sont altérées, ces cellules sécrètent des substances (gliotransmetteurs) qui stimulent les neurones sensoriels et exacerbent la douleur.
La découverte des phénomènes de sensibilisation périphérique et centrale a par ailleurs permis de comprendre l’hypersensibilité à la douleur (parfois durable), après une intervention chirurgicale ou une lésion nerveuse. Ce phénomène explique en partie pourquoi des événements douloureux postérieurs peuvent être ressentis de façon exacerbée chez certains patients.